Sékou Touré, honoré, ses victimes oubliées !
Par El Béchir
Palais Sèkhoutouréya, Aéroport international Ahmed Sékou Touré, villa Syli Sèkhou gracieusement offerte, le 26 mars célébré en grande pompe, MAIS pas le moindre hommage officiel à ses victimes atrocement martyrisées : Diallo Telli, Général Noumandian Keïta, Kaman Diaby, Barry Diawadou, Keïta Fodéba, Karim Bangoura, Karim Fofana, Barry III, Loffo Camara (la première femme membre d'un gouvernement de l'Afrique postcoloniale, fusillée, alors que, sage-femme, elle avait aidé une multitude de femmes guinéennes à donner la vie), le colonel Diallo, Tibou Tounkara, Alioune Dramé, le Dr Alpha Oumar Barry, Gnan Félix Mathos, Émile Cissé, Baldet Ousmane, Pévé Béavogui, Émile Condé, Kassory Bangoura, Sékou Diané "Net-À-Sec" et une foultitude d'autres Guinéens de grande envergure, patriotes, irréprochables au service public, dont le seul crime était d'être SOUPÇONNÉS d'avoir une autre opinion sur la ligne politique et les choix économiques d'un autocrate intolérant et complexé qui croyait tout savoir ou de relever un peu trop la tête devant lui.
Tous ont été enfouis clandestinement dans des fosses communes après avoir subi des mois de tortures à l'électricité et/ou une diète noire de trois semaines, balancés au bout d'une corde toute la journée, le peuple apeuré dansant malgré lui la journée entière sous leur cadavre décharné et méconnaissable par leur barbe hirsute et leur culotte dégradante sans slip, ou après avoir été passés par les armes au mont Kakoulima, non sans avoir creusé eux-mêmes leur tombe sous les ricanements du peloton d'exécution. Leur fin s'est déroulée dans une dégradation humaine qui relève d'une cruauté inouïe..
Si vous n'avez pas été témoin oculaire et auriculaire de ces atrocités gratuites, lisez le livre de l'illustre colonel Kaba-41 Camara, rescapé du Camp Boiro, écrivain, poète et photographe «En Guinée de Sékou Touré : cela a bien eu lieu».
Après la mort du tyran, son parti et son système se sont écroulés comme un château de cartes après 26 ans d'un règne sans partage, car il était le responsable suprême d'une révolution de pacotille, le chantre d'une idéologie plagiaire et d'une phraséologie creuse, le bâtisseur de quelques sociétés publiques pas plus solides qu'un château de sable, mal gérées par un népotisme indécrottable. Son ombre plane encore et toujours sur la Guinée.
Ce n'était assurément pas un Staline, un Mao, un Castro ou un Ho Chí Minh...
Pourvu d'un simple certificat d'études primaires, commis des postes rongé par le dépit et la jalousie, il avait éliminé les élites de ce pays et tous les pères de l'Indépendance qui ne courbaient pas l'échine. Il avait sali leur mémoire, obéré durablement le devenir de la Guinée, fait rater à jamais l'enfance à ce pays, la période de la vie individuelle ou collective où se fixent les valeurs et les tropismes, créé inexorablement le citoyen le plus tordu du monde, avec des tares qui rebondissent de génération en génération (assistanat, paresse, démagogie, haine de la vérité, de la justice et de l'excellence, autocratie, hypocrisie, duplicité, délation, jalousie, faux patriotisme, orgueil mal placé, violence, intolérance politique, hégémonisme communautaire, ethnarchie, frein au progrès général...).
Il a fait de nous, par transfert et contre-transfert, des escagasseurs de réputation, des anarchistes et des égoïstes. Voyez la circulation routière en Guinée. C'est ce qui donne à l'étranger, entre l'aéroport et son hôtel, une opinion irréfragable sur le pays où il a mis le pied : un manque total de convivialité, une course effrénée et désordonnée à l'occupation du moindre espace matériel ou immatériel et une volonté farouche de surclasser et écraser les autres.
Tant que nous n'exorciserons pas ces tares individuelles et collectives, nous subirons à la fois les malédictions de Tantale, des Atrides, des Danaïdes et de Sisyphe...
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