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Une Constitution qui reste à écrire ( Monenembo )

Une Constitution qui reste à écrire ( Monenembo )
0 commentaires, 7 - 9 - 2024, by admin

Par Tierno Monenembo
Dans les pays dignes de ce nom, la Constitution, c’est du sérieux. C’est un corps de lois inviolable, conçu pour régir la vie d’une nation sinon des siècles, du moins, des décennies.
Les Etats-Unis représentent le modèle parfait d’une Constitution forte. Adoptée en 1787, elle est toujours la même, aujourd’hui. En 237 ans, elle n’a subi que 27 amendements et l’on sait ce que cela coûte en joutes parlementaires et en rhétoriques juridiques, de modifier, ne serait-ce qu’un article, au pays de Martin Luther King. Le dernier amendement proposé en 1789 n’a été ratifié qu’en 1992, c’est dire !
A l’inverse, en Guinée, la Constitution ne couvre pas la vie de la nation mais le pauvre destin d’individus sans dessein et sans envergure qui disparaissent de la mémoire des hommes au premier coup de vent. A chaque président, sa constitution : Si le rire est le propre de l’Homme, la légèreté est le propre du dirigeant Guinéen !
Chez nous, pour écrire, une constitution, on s’arrange entre copains pour offrir un cadeau de Noël au potentat du jour, en fonction de ses goûts ou plutôt de ses fantasmes. On pensait que l’on aurait rectifié le tir, cette fois-ci après tant de putschs et de transitions ratées. Mais non, c’est la même lamentable comédie qui conduira au même patinage historique dans lequel nous végétons depuis 1958.
La vérité est là : nous, nous sommes révélés incapables de produire un Etat avec des lois qui s’appliquent à tous et une administration qui fonctionne. Chez nous, depuis Sékou Touré, l’Etat est un bien personnel, une misérable affaire de famille. Je vais répéter ici ce que j’ai déjà dit ailleurs : on ne peut pas fonder une économie développée dans un système juridique sous-développé.
Si ces messieurs de la Transition étaient sérieux, ils auraient créé une Commission Constituante entourée de constitutionnalistes de métier (Guinéens ou étrangers, ou les deux). Les Américains nous ont prouvé qu’avec des professionnels et avec un minimum d’honnêteté politique et morale, on peut écrire une bonne Constitution en quelques jours.
Le problème, c’est que nos dirigeants ne veulent pas d’un Etat moderne, fondé sur l’Histoire et sur la raison, ils veulent juste le pouvoir par la mitraillette ou par le hold-up institutionnel, peu importe ; le pouvoir le plus long, le plus sucré possible, et après eux, le déluge !
Si ces messieurs de la Transition avaient pensé au pays et non à leurs intérêts personnels, ils auraient songé à adapter leur projet de Constitution aux réalités sociologiques du pays. Il est en effet dramatique de constater qu’en Afrique, aucune Constitution ne tient compte de l’héritage africain, ce ne sont souvent que les copiés-collés des Constitutions des anciennes puissances coloniales.
Penser à un parlement bicaméral est une bonne chose, à mon avis. Certains diront que cela revient cher un nombre d’institutions élevé, ils oublient que le prix d’une dictature sera toujours dix fois plus élevé que celui d’une démocratie. Et pour renforcer la démocratie, rien de mieux que de multiplier les organismes de contre-pouvoir, de contrôle et de recours.
Seulement pourquoi un Sénat ?
Le Sénat est une institution romaine.
Pourquoi pas un Conseil des Anciens comme au bon vieux temps de nos royaumes et de nos empires ?
On pourrait, à la place de sénateurs, élire des Anciens, c’est-à-dire des hommes mûrs, susceptibles d’apporter un peu de sagesse et de bon sens à nos terribles mœurs politiques. Un par préfecture et âgés de 72 ans au moins, ils pourraient être élus à vie. Outre le traditionnel contrôle de la validité des lois, dévolu aux sénats européens, on pourrait leur conférer toutes les questions relevant des mœurs, des ethnies et des religions.
Une autre idée qui me traverse l’esprit : pour éviter les sempiternels trucages électoraux et autres modifications fantaisistes de la Constitution, le président devrait automatiquement quitter son poste à la fin de son mandat (comme le disait Omar Bongo, on ne peut pas organiser des élections et les perdre). L’organisation du scrutin présidentiel (60 jours au maximum) serait alors confiée au président par intérim c’est-à-dire au président du Conseil des Anciens qui serait de facto, la deuxième personnalité de l’Etat.
Il ne faut pas mélanger les torchons et les Constitutions, Messieurs de la Transition ! C’est précieux, une Constitution, c’est la lampe qui permet aux nations de se frayer un chemin à travers la nuit des temps. Pourquoi, d’après-vous, les Etats-Unis sont-ils la plus grande puissance du monde ?

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