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CRIEF : Quand la justice sacrifie son aura sur l’autel du spectacle !

CRIEF : Quand la justice sacrifie son aura sur l’autel du spectacle !
0 commentaires, 21 - 4 - 2025, by admin

Par Abou Maco
Il fut un temps où l’image du juge évoquait la crainte respectueuse. Il était l’arbitre ultime, celui qu’on n’interpellait jamais à la légère.
Son silence pesait plus lourd que les discours politiques. Il n’était pas fonctionnaire au sens classique : il était symbole. Symbole d’équilibre, d’impartialité, de résistance face aux pressions du pouvoir ou aux manipulations populaires.
Et puis, surgit la CRIEF. Tribunal d’exception, promis comme le fer de lance de la moralisation de la vie publique. La CRIEF devait marquer la fin de l’impunité. La peur devait enfin changer de camp, disait-on. Les anciens dignitaires du régime Alpha Condé allaient répondre de leurs actes, et la République allait laver son linge sale dans la rigueur du droit.
Mais très vite, les espoirs se sont effondrés. Et ce n’est pas faute de dossiers. Les cas d'Amadou Damaro Camara, ancien président de l'Assemblée nationale, de Kassory Fofana, ancien Premier ministre, du docteur Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense, tous incarcérés depuis des années sans la présentation pertinente de preuves tangibles rendues publiques, en sont des exemples criants. Leur détention, prolongée sans cesse par des artifices procéduraux, a fini par paraître plus politique que judiciaire. À tel point que même leurs adversaires ont fini par dénoncer la durée anormale et les flottements des dossiers. Pendant ce temps, l’opinion s’interroge : s’agit-il de punir ou simplement de neutraliser politiquement ?
Et que dire des juges ou des procureurs eux-mêmes ? Entre ceux qui se permettent des déclarations à la presse comme le procureur spécial Aly Touré, ceux qui suspendent des audiences à la dernière minute sans explication, et ceux dont les décisions sont annulées en appel comme si le droit n’avait jamais été consulté, le spectacle offert frôle parfois la farce. À force de jongler entre erreurs grossières, contradictions et improvisations, les magistrats de la CRIEF ont fini par entacher l’institution qu’ils étaient censés réhabiliter.
On attendait une justice exemplaire ; on a eu une juridiction d’exception sans exception d’excellence. Le juge, autrefois craint et respecté, devient la cible de railleries, moqué sur les réseaux sociaux, réduit à une caricature de serviteur du pouvoir en place.
Et pourtant, le peuple continue d’y croire. Dans les quartiers, on entend encore ce réflexe de dignité : « Mon casier est vierge, la justice ne m’a jamais condamné. » C’est dire la valeur symbolique de la parole judiciaire. Mais que reste-t-il de cette confiance quand ceux qui incarnent la justice semblent eux-mêmes perdus entre leur conscience, leur hiérarchie, et leurs ambitions ?
La CRIEF avait l’occasion unique de redonner à la justice guinéenne sa majesté perdue. Elle avait tous les ingrédients : les dossiers, les attentes, le contexte historique. Mais à force de confondre justice et vengeance, procès et cabale, elle s’est enlisée dans une logique de spectacle où le juge perd plus de crédit que l’accusé. Et quand le juge devient suspect, c’est la société tout entière qui tremble. Car un peuple peut survivre à des voleurs. Mais pas à la faillite de sa justice.
Selon un Proverbe, « Quand le pilier de la case tremble, les poules n’osent plus dormir dans la cour. » Autrement dit : quand le juge chancelle, même l’innocence ne sait plus où poser sa tête. Que cela soit écrit, retenu et corrigé

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