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Le journaliste Sékou Pendessa Jamal déféré à la Maison Centrale de Conakry

Le journaliste Sékou Pendessa Jamal déféré à la Maison Centrale de Conakry
0 commentaires, 23 - 1 - 2024, by admin

Le 22 janvier 2024, Sékou Jamal Pendessa, secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée, SPPG, a été placé sous mandat de dépôt à la Maison centrale de Coronthie. Il est poursuivi par le parquet de Dixinn pour « manifestation non autorisée et publication des données de nature à troubler l’ordre public et la sécurité ». « La vérité triomphera », lance-t-il à la presse, avant de s’embarquer pour la prison.

Sékou Jamal Pendessa a été convoyé au Tribunal de première instance de Dixinn à midi, à bord d’un pick-up de la Brigade de recherche de Kipé, où il était détenu depuis le 19 janvier. Massivement mobilisés au TPI de Dixinn, des journalistes scandaient : « Libérez Sékou Jamal Pendessa ! » Le confrère a été arrêté le 19 janvier, après la manifestation avortée, dénomée « Déferlement humain sur Conakry », à l’effet de protester contre le musellement de la presse et la restriction d’internet.

Au bout de deux heures d’audition, Me Salifou Béavogui, avocat de Sékou Jamal Pendessa, a déclaré: « C’est la déception, c’est une liberté qui vient d’être confisquée. Sékou Jamal Pendessa n’a pas reconnu les infractions. Il a soutenu que le droit de manifester est constitutionnel et qu’il n’avait d’ailleurs pas manifesté, car il était encerclé, avec des collègues, à la Maison de la presse. Le dossier devait être classé, purement et simplement. Il n’y a pas d’infraction, nous ne savons pas quand nous allons rompre avec ces pratiques. Il a été conduit en prison, le dossier pris en flagrant délit. » L’avocat souhaite l’ouverture du procès, au maximum, dans 48 heures.

Ibrahima Kalil Diallo, le secrétaire général adjoint du SPPG, dénonce une décision liberticide. « C’est une journée noire pour la liberté, pour la justice. Nous estimons que la lutte ne fait que commencer, nous allons entreprendre des actions dès le 30 janvier (manifestation, entre autres), jusqu’à la libération de notre camarade et la satisfaction totale de nos revendications. Ils viennent de déclarer la guerre à la presse, nous sommes prêts à la mener jusqu’au bout, même au prix de notre sang. »

Saper l’autorité de l’Etat ?

Le ministre de la Justice et des Droits de l’homme, Alphonse Charles Wright, en visite d’inspection au TPI de Dixinn, a été interpelé par les journalistes, venus soutenir Sékou Jamal Pendessa. « Le respect vis-à-vis de la justice est non négociable. Personne n’a le monopole du désordre dans un Etat, quel que soit la profession qu’il exerce. Personne ne peut faire pression sur la justice pour ne pas qu’elle fasse son travail, ce n’est pas possible. On peut crier, faire de scandale, montrer des vidéos partout à travers le monde, ce n’est pas important. L’important est ce que nous faisons pour que les choses changent. Crier sur la justice ou dans la rue n’est pas la solution », déclare le ministre qui ajoute : « On ne peut pas faire de l’Etat son adversaire, la presse exerce déjà dans un Etat ».

Le ministre invite les journalistes à la retenue. « On ne peut pas être contre vous, mais on ne peut pas laisser saper l’autorité de l’Etat au nom de la liberté d’expression », a clamé Charles Wright qui convie le SPPG à son bureau, pour des discussions, arguant que sa porte leur est grandement ouverte. Ils vont discuter de quoi exactement ?

Pour rappel le 18 janvier, neuf journalistes avaient été interpellés près de la Maison de la presse, vingt-neuf autres séquestrés à l’intérieur, de 12 h à 19 heures. Les interpellés ont été libérés le soir du même jour et le lendemain 19, leur dossier a été classé sans suite. Sékou Jamal Pendessa a été arrêté juste après, par des agents de la Brigade de recherche de Kipé.

( Avec Le Lynx )

Abdoulaye Cissé, le chargé de la communication du SPPG, déclare que le procureur « aurait pu entendre » Sékou Jamal Pendessa le jour de son interpellation. Mais, « il a renvoyé le dossier aujourd’hui sachant que nous avions prévu une manifestation, vous comprendrez que c’est un jeu. Mais cela ne nous ébranle guère. Notre camarade a été enlevé sans mandat, de façon brutale et inhumaine. Nous allons nous retrouver avec nos partenaires, afin de définir la conduite à tenir. Nous allons nous battre jusqu’à ce que la liberté de la presse soit effective dans notre pays. »

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