Par El Béchir à Conakry

Mais je suis sceptique quant à l'avenir d'une Guinée unie, quand l'intolérance politique et l'exclusion y règnent désespérément, quand tous les ingrédients sont réunis pour former un cocktail explosif.

J'avais retenu cette phrase du président Chirac en visite à Conakry, en juillet 2001 je crois : "En Afrique, comme partout ailleurs, la violence se nourrit de l'injustice, de l'exclusion et de la mauvaise répartition de la richesse nationale."

Dans la récente conversation enregistrée (et que je crois authentique!) d'Alpha Condé, soi-disant en soins médicaux à Abu Dhabi, il déclare que la Guinée va brûler.

Quand on sait qu'il a agressé militairement plusieurs fois cette Guinée lorsqu'on l'appelait opposant (1970, 1996, 2000-2001), que son régime a tué des centaines de Guinéens pendant qu'il était président de la république usurpateur du verdict des urnes, que beaucoup de femmes ont été violées lors des manifestations (les faits sont documentés par des ONG et des organisations de la société civile guinéenne), quand on sait aussi qu'il s'est immensément enrichi par la corruption et la concussion, que le gros de sa fortune se trouve précisément là où il a réussi à aller s'installer par la ruse et des complicités, qu'il y vit tranquillement et ne reviendra pas se remettre à la disposition de la justice, comme il s'y était engagé sur l'honneur par écrit, qu'en réalité il a été exfiltré purement et simplement et non pas évacué pour des raisons sanitaires, qu'il a eu le temps et les moyens d'installer plusieurs bases de mercenaires à l'étranger durant ses innombrables voyages privés de 2011 à 2019, nous les Guinéens on est très inquiets.

Il continue à diriger son parti à distance et veut reconquérir le pouvoir. Il ne prêche la gestion collégiale et non pas hiérarchique de son parti que pour qu'on le lui garde au chaud en attendant son retour conquérant. On savait qu'il en serait ainsi, mais on l'a laissé filer sur les simples gages donnés par le président de la commission de la Cédéao, un comparse du 3e mandat.

Il promet de "tirer le tapis sous les pieds de Cellou", rabaisse Sidya, Faya, Ousmane Kaba et Kouyaté.

On est vraiment très inquiets.

Je ne suis pas d'accord avec ceux qui disent que les deux étaient de mèche pour le coup du 25 septembre. Alpha ne peut pas demander à quelqu'un de le renverser et humilier à Bambeto. Non, ça ce n'est pas Alpha. D'ailleurs personne à sa place ne monterait un tel scénario.