Les dignitaires du Régime Alpha Condé en prison: un précédant depuis le 03 avril 1984
Par Abdoulaye Condé
L'histoire se répète en Guinée. 38 ans après les dignitaires du régime du Parti-Etat, la prison s'ouvre pour les compagnons et collaborateurs du régime déchu du Président Alpha Condé.
L'ancien Premier ministre, Ibrahim Kassory Fofana, nouveau Président intérimaire du RPG-ARC-EN-CIEL, les anciens ministres de la Défense, Dr Mohamed Diané, des Transports, Oyé Guilavogui, des Hydrocarbures, Djakaria Koulibaly, ont été déférés, mercredi 06 avril 2022, devant la CRIEF (Cour de Répression des infractions économiques et financières) et immédiatement transférés à la Maison Centrale de Conakry où ils devraient être retenus au moins jusqu'au 11 avril, jour où le juge d'instruction pourrait se prononcer sur leur maintien ou non en détention.
Selon toute vraisemblance, d'autres anciens ministres et dignitaires du régime renversé le 05 septembre 2021 vont rejoindre ce premier groupe dans les prochains jours.
En Guinée, depuis le 03 avril 1984, où un Premier ministre, en l'occurrence Dr Lansana Béavogui et tous les ministres et dignitaires du régime du PDG-RDA avaient été systématiquement arrêtés et détenus à la prison du camp de Kindia, c'est une grande première ou un précédant dans l'histoire du pays.
Après le décès et le renversement du régime du Général Lansana Conté, le chef de la junte du 22 décembre 2008, le Capitaine Moussa Dadis Camara s'était montré très grognard mais n'est pas allé au-delà des menaces et cris dont il était le champion.
Avant le Colonel Mamadi Doumbouya, le lundi 06 septembre 2021, le Président du CNDD avait reçu, le 30 décembre 2008, les membres du dernier Gouvernement du Général Lansana Conté avec à leur tête, le Premier ministre, Ahmed Tidiane Souaré.
Les échanges, aussi paradoxale que cela pouvait paraître, ont revêtu un caractère cordial, chaleureux avec un élogieux discours du Premier ministre Souaré à l'endroit du Chef de la junte comme s'il s'agissait pas d'un coup d'État qui a renversé son propre régime.
D'autre part, si, en 1984, les arrestations se sont déroulées dans le contexte de l'époque où les moyens de communication étaient très limités aux médias d'état et le secret, loin des yeux indiscrets, avec des populations terrées chez elles, en 2022, avec le développement accéléré et très diversifié des nouvelles technologies avec à la pointe les réseaux sociaux, et le fanatisme à toute épreuve, ce coup d'envoi de la valse annoncée est particulièrement humiliant pour les dignitaires du régime récemment déchu.
Sur les raisons de cette accélération des événements, beaucoup de commentaires et interprétations. Les prochains jours édifieront sur les faits réels reprochés aux uns et aux autres.
Cependant, à l'analyse ou à l'observation réelle du Colonel Doumbouya ( qui demeure un mystère encore) depuis le 05 septembre, cette situation était facilement prévisible. (Dans un article paru le 11 novembre 2021, loin de toute prophétie, mon analyse était titrée "Doumbouya : L'exécuteur ")
Même si les anciens dignitaires, après le coup d'Etat, ont été laissés en liberté ou plutôt en état de surveillance, ou que le Président Alpha Condé ait été autorisé d'aller aux soins perçue comme une forme de mise en liberté, mais certains actes comme le retrait des passeports, l'interdiction de sortie du pays avec une longue liste de personnalités à tous les postes frontaliers aériens, terrestres et maritimes, la création de la CRIEF, les déclarations récurrentes du chef de la junte accusant le régime Alpha Condé et tous les anciens regimes de gabegie, de détournement, de corruption indiquaient déjà cette tendance qui est le début d'une véritable épreuve humaine et politique pour Ibrahima Kassory Fofana et ses différents ministres, mais aussi pour les directeurs des régies financières, les DAAF et même des dignitaires des régimes d'avant Alpha Condé ainsi que des hommes d'affaires cités ou soupçonnés dans certains dossiers.
Sans doute, enfin, que les derniers événements politiques avec l'investiture de Kassory Fofana à la Présidence provisoire du RPG-ARC-EN-CIEL, les appétits ou ambitions politiques de Djakaria Koulibaly ou Ibrahima Kalil Kaba et d'autres n'ont pas été bien appreciés du coté du CNRD.
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