Fermez vos grandes gueules, Yandi ! ( Benn Pepito)
Par Benn Pepito
Il n’y a pas moins de s’assagir avec tout ce qu’on voit et tout ce qui se raconte dans le bled. Afacaya ! Brutus Doumbouya est dans l’outrance, dans l’intempérance.
Il saisit l’occasion du 02 octobre, fête de l’indépendance de la Guinée Cona-crimes, pour dérouler le tapis rouge à Marie-Andrée Duplantier Touré, l’Égérie de Sékou Touré, le bourreau de tous nos martyrs allant du 02 octobre 1958 au 26 mars 1984.
On voit Marie-Andrée Duplantier Touré, à l’arrière de la voiture d’antan de Sékou Touré, bien retapée, défiler et agiter un mouchoir blanc sous l’œil messianique de Brutus Doumbouya.
Alors pour certaines têtes bien-pensantes,tous les Guinéens devaient se mettre au diapason et aller acclamer Brutus Doumbouya et Marie-Andrée Duplantier Touré. Et sur le plateau des grandes gueules à Cona-cris, Tamba Zacharie Millimono s’époumone à dire que « Tout le monde devait trembler de respect » à cette occasion-là.
Comme piqué par une tarentule, le vaniteux des grandes gueules s’en prend violemment aux jeunes de l’axe qui, n’ayant pas le cœur en liesse pour aller propagander le patriotisme militariste de Brutus Doumbouya pendant ce fameux 02 octobre, ont déroulé tout bonnement sur l’axe une banderole sur laquelle on lit « L’Axe Guinée 64 : Hommage aux résistants et compagnons de l’indépendance. » Avec leurs effigies sur la banderole.
Et Léon Tolstoï disait justement : « Si nous rappelons le passé et le regardons, notre nouvelle violence d’aujourd’hui sera elle aussi dévoilée. » Mais s’en est trop pour les Grandes Gueules que des citoyens n’approuvant pas les excès de Brutus Doumbouya dans la commémoration du 02 octobre fassent bande à part. Alors le vaniteux, qui n’a pas bougé de chez lui et qui a suivi la cérémonie militariste sur l’écran de la télé bidon nationale, voit rouge quand il apprend la commémoration par les jeunes sur la route le Prince.
L’olibrius prend ça au tragique ; et sur le plateau des Grandes Gueules du 03 octobre, il saute au plafond : « J’avais pensé à l’expression. Mais je ne savais qu’elle avait été utilisée. Quand j’ai vu la célébration, j’ai dit : « Ah, on vient de nous créer une deuxième République, la République de l’Axe ». C’est ce matin que Mohamed Mara m’a dit que c’est déjà écrit. Certains qui sont dans cette organisation ont même crée des comptes : République de l’axe. C’est déjà écrit. ».
L’indigné bavote en longueur et tient la jambe à ses confrères sur le plateau. Suivant son argumentaire, ce qui le rebique surtout c’est de voir Hadja Halimatou, la douce moitié de la Petite Cellule Diallo, arborant une tunique de la commémoration, dans la chapelle de la République de l’Axe, en train d’égrener son rosaire. Sacristi ! C’est de l’hérésie. Dans tous ses états, l’imposteur s’écrie : « Je veux répéter ce mot : on devrait tous trembler de respect devant le 02 octobre. »
Ergo, donc la Jeanne D’Arc de la République de l’Axe se devait de rentrer dans les ordres, de battre la générale devant ce 02 octobre réhabilitant Sékou Touré et magnifiant la révolution sékoutouréenne par la présence honorifique de Marie- André Duplantier.
Hé ! C’est quelle façon de parler ça ?
D’accord avec Voltaire qui, dans son courrier en date du 6 février 1770, écrivait à l’abbé Le Riche en ces mots : « Monsieur l’abbé, je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire. »
Aujourd’hui, on se bat pour la démocratie, pour la justice, pour la liberté en Guinée. On ne peut pas affirmer à ce jour que la liberté d’expression est un acquis dans le bled avec tous ces agissements de la Haute Autorité de la Communication qui, ne réussissant pas à stipendier tous les journalistes dans la contrée, cherche à museler la presse indépendante par l’intimidation et la violence.
Ce n’est pas pour autant qu’il faut crier sur tous les toits du n’importe quoi. C’est ridicule et dangereux, à la fois, d’ajouter foi à cette prétendue République de l’Axe. C’est ridicule, gugusse ! C’est vraiment ridicule, hurluberlu !
Est-ce que vous avez vu, de vos propres yeux, la profession de foi de cette République de l’Axe ? Où est-ce que c’est écrit : « La République de l’Axe » ?
Didon ! Arrêtez de pester devant le micro juste pour votre propre grandeur. Ah, non ! Là, vous n’êtes pas du tout dans l’information ou la prévention. Au contraire vous plongez les populations de cette zone dans une situation dangereuse. Et vous instiguez insidieusement les forces brutales et sauvages du pouvoir militariste à aller les massacrer sous prétexte de démanteler une République de l’Axe.
Wallahi ! Billahi ! Tallahi ! On vous tiendra responsable si à la prochaine manifestation des jeunes de l’Axe, Brutus Doumbouya et ses forces brutales les massacrent. Ben Daouda Sylla, au micro de Africa N°1, avait joué pratiquement le même rôle avec cette histoire bidon d’eau empoisonnée en 2010. Son reportage avait basculé la Haute Guinée dans la furie contre les Peuls.
Et combien de Peuls avaient été massacrés en Haute-Guinée à la suite de cela ?
Vous savez ! Le génocide des Tutsis n’avait pas commencé le 6 avril 1994, jour de l’assassinat de Juvénal Habyarimana. C’est parti de 1959 avec de petits massacres de Tutsis et plus tard avec le formatage des esprits par la radio mille collines. Cette radio préparait minutieusement les esprits des extrémistes et de l’armée rwandaise à perpétrer le génocide des Tutsis. Et on connaît la suite.
Comparaison n’est pas raison. Mais on frémit quand on vous écoute ! Vous préparez les esprits à un éventuel massacre des populations de l’Axe par l’actuel régime militariste. Je le dis et je le maintiens. Tu répètes qu’« on devrait tous trembler de respect devant le 02 octobre ». On est plutôt de l’avis de Harper Lee : « La seule chose qui ne doive pas céder à la loi de la majorité est la conscience de l’individu. »
Et d’ailleurs ce 02 octobre, tu étais flanqué dans ton lit, dans les bras de Thérèse Raquin Millimono, pendant que ta consœur, Moussa Yero Bah, recoupait des informations sur l’Axe. Et sur le plateau, tu baves sur la Jeanne D’arc de la République de l’Axe.
Et c’est toi, l’irrévérencieux, le sociopathe, l’iconoclaste, qui fais, aujourd’hui, la morale aux populations de l’Axe ? Non. Non. Les mots « irrespect », « manipulation » et honnête sont impropres dans ta bouche. Tu n’es pas audible.
Être journaliste ne veut pas dire être intellectuel. En d’autres mots ce qu’on dit des intellectuels ne s’applique pas forcément aux journalistes. Mais certains journalistes se prennent comme tels. Et Tierno Monénembo d’écrire le 09 septembre dernier : « Le rôle d’un intellectuel, c’est de nourrir l’ambition collective, c’est de maintenir le rêve, c‘est de susciter l’élan historique, pas de faire des courbettes, pas de jouer aux poules de basse-cour, pas de picorer dans le purin du quotidien. »
Hé ! on connaît qui est qui dans le patelin, on connaît les archipatelins qui jouent aux «Ngnarimakha » ou « laveurs de chats », qui picorent subrepticement dans le purin du quotidien et qui ont l’obligation morale et la mission de défendre ce pouvoir militariste devant les micros et sur internet. Alors fermez vos grandes gueules, Yandi !
Ecoutez ! Personne, l’on dit bien personne, et pas les imbéciles, ne devrait trembler devant un 02 octobre qu’on organiserait à la mémoire du sanguinaire Sékou Touré et à l’honneur de Marie-André Duplantier.
Brutus Doumbouya est dans la provocation et le « je-m’en-foutisme ». C’est lui qui donne le cachet à la critique. Il est libre de chanter, de magnifier Sékou Touré et de traiter les familles des victimes de celui-ci par dessous la jambe. Brutus est un grand vaniteux. Sinon !…
C’est quoi ça que de faire défiler les anciennes voitures de commandement de Sékou Touré et de Lansana Conté en ce moment ?
Est-ce que c’est en regardant cela que les purotins et les crève-la- dalle dans le bled vont trouver le prix du « bonga » ?
« Vanitas vanitatum, et omnia vanitas », entendez : « vanité des vanités, et tout est vanité. » Vanité qui débilite les imbéciles et les bélîtres plongés dans leur éréthisme psychique. Nous autres sommes totalement libres aussi de se départir de cérémonies commémoratives où on fait la part belle à celui qui est responsable de la mort de plus de cinquante mille Guinéens. Qu’on se le tienne pour dit : la réconciliation nationale ne se réalisera jamais autour du nom de Sékou Touré qui est la pierre d’achoppement.
Contrairement à son propos, tout indique que Brutus Doumbouya veut confisquer le pouvoir. Tous ses actes posés tendent à redorer son blason et on lit en lui comme dans un livre ouvert. Le dernier insigne acte qu’il a posé c’est le fait de baptiser son rejeton du nom de Lansana Conté. Une façon de rallier les populations de la Basse-Guinée à sa cause. C’est de l’hypocrisie.
Pourquoi n’avoir pas baptisé l’aéroport de Conakry du nom de Lansana Conté ?
C’est ce qu’il fallait plutôt faire au lieu d’afficher le nom de Sékou Touré au fronton de l’aéroport de Gbessia. Didon ! Beaucoup de personnes portent le nom de Lansana. Du reste le nouveau-né Lansana Doumbouya est aussi l’homonyme du politicard, Lansana Kouyaté. Voyez-vous ! Dans ce maelström des homonymes de Lansana, Brutus Doumbouya joue sur plusieurs tableaux.
Qui est fou ?
Parlons sérieux, maintenant ! Le retour à l’ordre constitutionnel est la seule bataille qui vaille la peine d’être menée. On exige des élections présidentielles libres et démocratiques dans les brefs délais.
Brutus Doumbouya n’a pas qualité de président de la République et encore moins de chef d’Etat. Son rôle doit se limiter à mener une transition démocratique. Il n’a pas compétence à sortir la Guinée de l’auberge et à propulser le pays dans la voie du développement.
Le pouvoir se fonde sur la raison et non sur la force et la puissance meurtrière de la kalachnikov. Les forces prétoriennes ont tué plus de cent citoyens depuis la prise du pouvoir par Brutus Doumbouya. Il y’en a certains tués qui n’ont toujours pas encore été enterrés par refus de l’autorité militariste.
Franchement, la Guinée est devenue un no man’s land où les populations sont ballotées entre l’insécurité et la dictature militaire de Brutus Doumbouya. Pas d’eau potable. Pas d’électricité. Pas de route. Pas de taxis. Pas de transports publics. Pas de travail. Pas d’instituteurs, de professeurs qualifiés. Pas de médicaments.
Dans les hôpitaux, ce sont les médicastres et les garçons de salle qui font office de docteurs et de chirurgiens. Les élèves et étudiants sont sans avenir dans ce pays de merde où est en train de se tenir, à l’heure actuelle, le procès du massacre du 28 septembre qui avait causé 157 tués au stade du 28 septembre de Cona-crimes et 109 femmes violées.
C’est un simulacre de procès. Sinon comment peut-on attraire en justice l’ex Pharaon du CNDD, Moussa Dadis Camara, sans voir sur le banc des accusés Sékouba Konaté qui était ministre de la défense au moment des faits, il y a treize ans de cela. Mais comme le procureur de la Cour Pénal International, Karim Asad Ahmad Khan a juré la main sur son crâne de veiller au grain. On verra !…
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