Acte patriotique ou dépense suspecte ? : Achat d'un terrain à 2 millions USD à Addis-Abeba pour l'ambassade de Guinée !
Par Abou Maco
Le Premier ministre, Amadou Oury Bah, a marqué un acte significatif et patriotique, comme l’a révélé le ministre du Budget, Facinet Sylla, lors de l’adoption par le CNT du volet recettes de la Loi des finances rectificatives 2024 : « ...le Premier ministre Bah Oury a amputé sur ses propres fonds destinés à la rénovation de la Primature l’équivalent de deux (2) millions de dollars pour l’acquisition d’un terrain à Addis-Abeba, afin que ce domaine ne nous échappe pas. On ne peut pas poser un acte plus éloquent pour montrer son attachement au prestige et à l’image du pays à l’extérieur... », a-t-il déclaré suite à l’interpellation des conseillers nationaux sur la situation de certaines ambassades guinéennes.
Cet acte, s’il en est, mérite d’être largement salué par tous les Guinéens, car il démontre l’attachement du Premier ministre à l’image extérieure de la Guinée. Il lève également un coin de voile sur l’importance réelle du budget de la Primature, si « 2 millions de dollars » ne sont qu’« amputés ». Il soulève aussi la question du coût de ce terrain, car 2 millions de dollars représentent une somme considérable pour un terrain nu, non bâti. Ce qui, naturellement, amène à s’interroger sur l’urgence de cette dépense, vu les difficultés de trésorerie actuelles du pays.
Bien sûr, le patriotisme et la dignité d’un pays n’ont pas de prix. C’est pourquoi il est étonnant que, depuis l’empereur Haïlé Sélassié, président éthiopien, le président Sékou Touré – dont la dignité et la fierté qu’il avait pour son pays ne font l’ombre d’aucun doute – n’ait pas pensé à attribuer à la Guinée une ambassade d'appartenance propre, digne de ce nom à Addis-Abeba, siège de l’Union africaine.
Rappelons que le président Ahmed Sékou Touré est l’un des pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), créée le 25 mai 1963 et dissoute le 9 juillet 2002 pour laisser place à l’Union africaine.
Ainsi, si l’on doit comprendre « l’amputation » du budget de la Primature de 2 millions de dollars pour acquérir un terrain nu à Addis-Abeba, c’est parce que, depuis son indépendance en 1958, la Guinée, championne de l’unité africaine, n’avait pas d’ambassade en son nom propre dans la capitale de l’Afrique ?
L’actuelle ambassade est-elle le fruit d’une location depuis toutes ces années, 1958 ou 1963, pour que « ce domaine ne nous échappe pas » ? L'achat porte-t-il alors sur une ambassade bâtie ? L’actuel Parti démocratique de Guinée (PDG) et le ministre des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté, apprécieront.
Rappelons que la révélation du ministre Facinet Sylla fait suite à l’interpellation des conseillers nationaux sur la situation des ambassades de la Guinée à l’extérieur. Et ainsi, ces 2 millions de dollars ont été « amputés » du budget de la Primature pour doter enfin la Guinée d’un terrain nu pour son ambassade à Addis-Abeba. Mais si une telle ambassade appartenant à la Guinée a toujours existé, où se trouve l’urgence d’aller acheter un terrain nu en Éthiopie pour 2 millions de dollars ?
Avouez que, dans un cas comme dans l’autre, cette dépense est hautement suspecte et devrait interpeller la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) pour plus de clarté. Pour la transparence dans la refondation !
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