Louise Mushikiwabo: "Nous allons sanctionner la Guinée si elle recule sur des sujets fondamentaux"
La France vient d'accueillir le XIXe sommet de la Francophonie à la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts. Le thème retenu cette année : créer, innover et entreprendre en français pour les quelque 320 millions de francophones vivant sur les cinq continents.
L'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) compte 88 États et gouvernements membres. Si le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont toujours suspendus des instances du groupe à cause des coups d'Etats de ces dernières années, la Guinée, dirigée également par des putchsites, depuis le 05 septembre 2021, vient, quant à elle, d'y être réintégrée. Par conséquent, elle a pris part au sommet de Villers-Cotterêts. C'est le chef de la diplomatie guinéenne qui a représenté le pouvoir de Conakry.
En marge de ce grand rendez-vous, la secrétaire générale de l' Organisation Internationale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, a tenu à mettre les points sur les i au sujet de la récente levée des sanctions qui visaient le régime de Mamadi Doumbouya.
" La décision de lever la suspension de la Guinée nous engage. Cela ne signifie pas que nous sommes convaincus que tout va bien dans ce pays. Mais je crois qu'il faut tenir compte du contexte et de la géopolitique dans notre prise de décision. Nous devons apporter des réponses plus adaptées aux réalités du terrain. Nous ne pouvons pas suspendre éternellement des États. Il faut un équilibre entre souplesse, solidarité et rigueur", a -t-elle précisé dans les colonnes d'un journal français.
Pourtant, la République de Guinée traverse une grave crise démocratique avec des arrestations arbitraires que dénoncent les ONG. Plus inquiétant encore, les disparitions font légion. Depuis le 9 juillet, Oumar Sylla, alias Foniké Mengué, et Mamadou Billo Bah, deux activistes du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Et le corps du colonel Célestin Bilivogui a été retrouvé récemment sans qu'on sache véritablement ce qui s'est passé.
Sur ce point, voici la réponse de la patronne de l' Organisation Internationale de la Francophonie: " La condition du retour de la Guinée au sein de l'OIF n'était pas qu'il n'y ait plus aucun problème lié aux droits humains en Guinée, mais plutôt que les dirigeants s'engagent à un retour rapide et effectif à l'ordre constitutionnel. Nous avons beaucoup appris du cas du Mali puisqu'après le coup d'État d'août 2020 nous avions suspendu le pays immédiatement pour le réintégrer, quelques mois plus tard, après des avancées sur le plan constitutionnel. Finalement, nous avons dû le suspendre de nouveau à la suite du deuxième putsch, en 2021. Résultat, cela fait quatre ans que le pays est exclu de l'OIF. Nous prendrons la même décision si la Guinée recule sur des sujets fondamentaux. Nous ne détenons pas toutes les réponses, mais nous tentons des approches qui visent à encourager les États à sortir des régimes de sanctions", a détaillé Louise Mushikiwabo.
Pour rappel, L'OIF, qui a pour missions de "promouvoir la langue française", "la paix, la démocratie et les droits de l'Homme", d'"appuyer l'éducation" et de "développer la coopération économique", estime le nombre de locuteurs du français à 321 millions sur les cinq continents, ce qui en fait la cinquième langue la plus parlée au monde.
Nouvelledeguinee.com
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