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18 avril 1980 : Mugabé et Bob Marley célèbrent l'indépendance du Zimbabwé

18 avril 1980 : Mugabé et Bob Marley célèbrent l'indépendance du Zimbabwé
0 commentaires, 17 - 4 - 2015, by admin

Le Zimbabwe est le dernier pays du continent à se libérer du joug du colonisateur occidental. Une indépendance arrachée dans la douleur après plus de 10 années de lutte armée. Retour sur ce 18 avril 1980, jour de l'accession de l'ex-Rhodésie à la souveraineté nationale. Trente-cinq ans déjà depuis l'indépendance du Zimbabwe, jadis Rhodésie. Une accession à la souveraineté tant nationale qu'internationale célébrée fièrement dans le stade Rufaro, au cœur de Highfield, la township de la capitale Salisbury (l'actuel Harare). Ce jour-là, dans la nuit du jeudi 17 au vendredi 18 avril 1980, Bob Marley et les Wailers agrémentent la soirée. Ils interprètent entre autres Zimbabwe, cet appel vibrant au panafricanisme. Vive le Zimbabwe ! Le moment est éminemment historique : la dernière colonie européenne sur le continent s'apprête à rentrer dans le concert des États libres. Des personnalités et des représentants de 100 pays dont 11 chefs d'État ont fait le déplacement. Un parterre d'invités de marque dont le prince Charles du Royaume-Uni, lord Hoames, le dernier gouverneur du pays, Kurt Waldheim, le secrétaire général de l'ONU, Edem Kodjo, celui de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), le président zambien Kenneth Kaunda ou le Premier ministre indien Indira Gandhi. Le stade est comble. Plus de 35 000 personnes enthousiastes assistent à la cérémonie. Des milliers d'autres sont bloquées à l'extérieur, voire dispersées par des gaz lacrymogènes, l'enceinte ne pouvant pas accueillir tout ce monde qui veut, à tout prix, assister à la mort du dernier morceau d'empire britannique sur le continent. À minuit, dans un silence absolu, l'Union Jack descend du grand mât installé au milieu du stade et laisse place au drapeau quadricolore du jeune État. La Rhodésie devient le Zimbabwe. Pour de vrai, cette fois-ci. Car à deux reprises, l'indépendance proclamée n'avait pu obtenir, jusqu'ici, une quelconque reconnaissance internationale. "Minorité colonisatrice raciste" Il en est ainsi de celle décrétée unilatéralement par la Rhodésie du Sud sous le nom de Rhodésie le 11 novembre 1965 par Ian Smith, alors Premier ministre (la Rhodésie du Nord était devenue indépendante un an plus tôt sous le nom de Zambie). Ni la métropole britannique ni aucun État ne l'avait alors reconnue. Les résolutions 216 et 217 du Conseil de sécurité de l'ONU avaient même considéré la démarche de Ian Smith d'"usurpation de pouvoir par une minorité colonisatrice raciste". La position de l'ONU sera la même envers le pouvoir de Mgr Abel Muzorewa, nationaliste opposé à la lutte armé qui succéda à Ian Smith en 1979 après des élections législatives boycottées par les mouvements de guerilla : la Zanu de Mugabe (Zimbabwe African National Union) et la Zapu de Joshua Nkomo (Zimbabwe Peoples National Union). Il aura donc fallu donc une longue lutte de libération, entamée en 1966, pour voir la Rhodésie accèder véritablement à l'indépendance. En octobre 1979, Abel Muzorewa accepte de remettre à nouveau la souveraineté de son pays à la Couronne britannique pour que le processus conserve des formes légales du point de vue international. Les accords de Lancaster House sont signés, le 21 décembre 1979 à Londres entre les délégués des guerilleros rassemblés dans le Front patriotique (Robert Mugabe, Nkomo notamment), les représentants du gouvernement de Salisbury et les autorités britannique. Ils consacreront une indépendance si longtemps attendue. Adieu le régime raciste de Ian Smith et la colonisation britannique, qui auront fait plus de 25 000 morts en 90 ans d'oppression. Place à une nouvelle ère. Celle du président Canaan Banana et, surtout, de son Premier ministre Robert Mugabe, l'ancien chef de la guérilla, dont le parti a remporté les législatives organisées un mois avant l'indépendance. JA

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