L'ambssadeur Amara Camara: " je n'accompagne pas les gens dans le faux."
Amara Camara est depuis 2011, Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Guinée en France. En novembre 2013, il a été élu au conseil exécutif de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (l’UNESCO), l’organe le plus prestigieux de cette organisation. Son mandat au Conseil exécutif de cette organisation va jusqu’en novembre 2017. Et il est le premier Guinéen à être membre du Bureau du Conseil exécutif en ayant présidé le Comité spécial du conseil exécutif.
Pour réaliser la mission que ‘’Guinée Elite’’ s’est fixée dans le cadre de la rencontre avec les installations diplomatiques de la Guinée à l’étranger ainsi que de la diaspora, Amara Camara, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Guinée en France s’est prêté à nos questions à Paris dans une atmosphère sereine.
Le degré des relations diplomatiques entre les deux pays, sa promotion à l’UNESCO, la question du retour de l’élite guinéenne au bercail, le problème de passeport biométrique ont été des sujets débattus au cours de cette interview.
Merci Son Excellence Amara Camara. Vous êtes l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République de Guinée en France. Dites-nous monsieur l’ambassadeur, quel est aujourd’hui le degré des relations entre la Guinée et la France ?
Au niveau des relations avec la France, je peux dire que je suis un ambassadeur heureux. Heureux dans le sens où nos relations n’ont jamais atteint ce niveau avec la France. Vous vous souviendrez des efforts exceptionnels que la France a engagés à nos côtés pour la lutte contre EBOLA. Jamais depuis 1958, elle ne s’était engagé autant avec notre pays.
Les relations personnelles entre le Président Holland et le Professeur Alpha Condé sont excellentes sinon exceptionnelles. Même quand il est en visite privée ici en France, il est reçu en ami et en Président. On le rend les honneurs à chaque fois. Cela fait de lui le Président le plus proche du Président Holland. Vu leurs relations personnelles d’amitié qu’on a pu amplifier et donner du contenu en faveur de notre pays. Ce qui fait de la Guinée un pays prioritaire pour la France. Et surtout ce qui nous a permis d’atténuer l’épisode 1958 qui nous collait à la peau. Et nous a permis d’être dans la normalité pour qu’aujourd’hui nous devenions un pays fréquentable.
Monsieur l’ambassadeur, il est aujourd’hui incontestable que la communauté guinéenne est très importante en France. Est-ce que vous pouvez nous dire la nature des relations que l’ambassade entretient avec ses ressortissants ?
Pour ce qui est des relations avec la communauté, je vous laisse le soin de vous promener dans Paris et faire un micro-trottoir, demander ce que nos compatriotes pensent de ce que nous faisons ici. Nous avons essayé depuis 2011, de nous mettre à leur service. C’est l’Ambassade qui est au service des Guinéens. Ce n’est pas l’inverse.
La porte est ouverte pour chaque Guinéen quelque soit son bord politique. On reçoit le Guinéen, pas le militant. J’essaye de m’impliquer dans toutes les activités organisées par nos différentes communautés. Le résultat est que depuis que je suis ici, je n’ai pas eu de problème particulier à l’Ambassade. Elle n’a pas été caillassé. Des marches pacifiques oui, mais les gens savent que nous faisons notre travail en toute transparence. Quand il ya un problème je ne cherche pas à savoir le nom ou d’où vient la personne.
Parlez-nous de la Guinée sur le plan des relations internationales
Au niveau des relations internationales, nous sommes aussi heureux, très heureux d’ailleurs. J’ai été élu au conseil exécutif de l’UNESCO, l’organe le plus prestigieux de cette organisation, en novembre 2013. L’Afrique m’a proposé pour la commission qui lui revient à ce niveau.
En présidant le Comité spécial, je suis devenu membre. C’est la première fois qu’un Guinéen présidait une commission du Conseil exécutif. J’ai eu un mandat de deux ans qui s’est achevé fin Novembre. Mais mon mandat au Conseil exécutif va jusqu’en novembre 2017.
A préciser que je ne suis pas le premier Guinéen à être membre du Conseil exécutif, mais le premier Guinéen à être membre du Bureau du Conseil exécutif en ayant présidé le Comité spécial du conseil exécutif. Et ceci nous a permis d’être élu par un jury composé d’éditeurs, de libraires de l’UNESCO, comme ‘’Conakry capitale mondiale du livre en 2017’’.
Un si petit pays à peine connu parmi ses grandes capitales, nous avons réussi avec la volonté et la détermination de Sansy Kaba et l’appui qu’on a pu donner ici, pour en faire une vitrine. Cela va nous permettre pendant une année d’être suivi par les maisons d’édition, par les libraires.
Nous même, nous devons mettre ce moment à profit pour faire une vaste campagne pour que la Guinée, notre pays s’en sorte gagnante. Sensibiliser au grand maximum pour amener les Guinéens à lire. Parce que si vous voulez que les gens comprennent, il faut qu’ils sachent et pour savoir il faut lire.
Pour cela, nous avons eu l’opportunité de discuter avec le Président de la République, qui à promis pour ‘’Conakry Capitale Mondiale du Livre’’, un appui total du gouvernement et les moyens seront là pour le faire. A ce titre, je peux dire que l’Ambassadeur bilatéral est heureux, l’Ambassadeur multilatéral l’est aussi.
Revenons un peu en arrière, dites-nous concrètement vos rapports avec l’UNESCO
Mes rapports avec l’UNESCO sont excellents. Vous savez une bonne requête trouve toujours un financement. Je demande à nos frères au pays de présenter des dossiers. On va les aider à les formaliser. Nous ne sommes pas plus que les autres, mais nous savons le faire mieux que d’autres.
Sur ce plan aussi il y a énormément de choses à faire et nous le feront du mieux dans l’intérêt supérieur de notre pays. Au-delà de cet aspect, vous devez savoir que je représente la Guinée auprès de la Francophonie avec laquelle nous entretenons d’excellentes relations.
Le Président de la République et la Secrétaire Générale de la Francophonie entretiennent d’excellentes relations. Le hasard de carrière a fait que la secrétaire générale de la francophonie et moi étions amis depuis l’UNESCO. Sur cette scène internationale ce qui concerne ma juridiction, tout va pour le mieux. Je ne me plains pas assez.
Personnellement, en tant que fonctionnaire international que comptez- vous faire pour le retour de l’élite guinéenne au bercail ?
Pour mon pays, je compte toujours faire mieux. C’est pourquoi je vous ai dit que je préfère les critiques aux compliments. Ce qui sans doute me permet de m’améliorer. On va essayer d’améliorer les relations avec nos compatriotes et surtout de les convaincre de rentrer au pays après leur formation.
Parce que je vous assure que notre pays ne s’en sortira qu’avec une forte dose des Guinéens de l’étranger. C’est ici qu’il y a la bonne formation, la rigueur, l’intégrité. Ma génération a l’avenir derrière elle. Nous voulons vous laisser un pays en état de marche. Il n’y a aucune raison qu’on soit dans une situation dans laquelle on se trouve actuellement.
Qu’on ait attendu mai 2015 pour avoir le premier barrage qui fonctionne en Guinée. Quand j’étais jeune, j’entendais parler du barrage de Konkouré qui était sensé donner le courant non seulement à la Guinée mais aussi à la sous-région. C’est pour vous dire que c’est seulement avec le travail, la rigueur, la bonne gouvernance qu’on pourra s’en sortir.
Je le dit haut et fort que depuis que je suis là comme Ambassadeur, je n’ai reçu aucun centime de subvention. Tout ce qui est fait ici, est fait dans notre budget de fonctionnement et dans nos recettes consulaires. Ce qui prouve qu’avec une bonne gouvernance et la rigueur dans le travail, on peut y arriver.
Le cas des passeports biométriques pose problème dans beaucoup d’ambassades guinéennes à l’étranger. Qu’en est-il à Paris ?
C’est une satisfaction morale. Cela fait deux ans qu’on lutte. Depuis le temps du ministre Madifin Diané. Comme vous le savez, on ne peut pas obtenir un titre de séjour ici sans un passeport en cours de validité. Heureusement, certaines préfectures de la France ont été sensibles à nos difficultés avant l’arrivée de la mission. On procédait par attestation de non délivrance qui remplaçait le passeport.
La mission est arrivée pour la confection des passeports mais nos compatriotes se sont plaints pour le prix de 140 euros par passeport. Imaginez une famille de 4 personnes combien cela fait. Je demande aux autorités de nous trouver, au moins, une machine par ambassade pour une longue durée. Ce qui, j’en suis sûr, pourra soulager tout le monde. Parce que, il faut le rappeler, notre image est dégradée ici à cause des faux documents. Donc si on a cette machine sur place, çà nous fera énormément plaisir.
Monsieur l’ambassadeur, à un moment, certains médias en ligne écrivaient que vous avez refusé le soutien à un Guinéen de Paris. Quelle est votre version ?
Je vais vous dire franchement, je n’ai jamais refusé d’apporter mon soutien à un Guinéen. Il y a un faux problème ici que nos compatriotes doivent voir. C’est le problème de mineurs isolés. Un enfant qui dit qu’il est arrivé ici sans papier, si c’était aussi simple, personne n’allait mourir dans la méditerranée.
C’est un réseau d’escrocs qui profite du traumatisme des enfants en Afrique pour les emmener en Europe dans les foyers et leur faire raconter des histoires. Quand ces enfants vont grandir sans l’affection des parents, cela cause un autre problème. Il ya même des départements ici qui les prennent plus.
C’est la faute aussi à certains parents qui ne réfléchissent pas, qui ne cherchent qu’à se débarrasser des enfants en les envoyant en Europe, les mettre dans des foyers qui les prennent en charge entièrement. Les examens démontrent qu’ils ne sont pas des mineurs pour certains.
Tout cela pour nous salir. Je ne peux pas dire que Monsieur Condé Ousmane, qui m’accuse de n’avoir pas l’assisté est Guinéen sur la base d’un simple extrait de naissance. Vous pouvez vous-même le tester. Allez à Château rouge. Vous pouvez vous faire délivrer un extrait de naissance guinéen en 10 mn. En dehors de ce dernier, personne de ces milliers de Guinéens que nous avons traités ici ne s’est plaint. Ce que les gens doivent savoir, je n’accompagne pas les gens dans le faux.
Source: le Magazine GUINEE ELITE
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